Le but de la vie c’est d’être heureux ?

« Il n’y a qu’une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux. » Arthur Schopenhauer.

Aujourd’hui pratiquement tout le monde dit que le but de la vie c’est d’être heureux. Il suffit de demander autour de vous « c’est quoi le sens de la vie ? » une majorité vous répondra que c’est d’être heureux.

Je n’aime pas que l’on dise qu’être heureux c’est le but de la vie, car cela amène à plein de choses néfastes pour l’Homme, telle que la médiocrité, la paresse et l’envie de plaisirs qui n’apporte rien à l’Homme si ce n’est de l’empêcher de s’accomplir.

Ici le problème n’est pas d’être heureux, bien au contraire, mais le fait de faire en sorte que ce sentiment soit un but pour la vie, ça c’est un problème.

Être heureux doit être la conséquence d’actions et de pensées et non un but.

Car là encore aujourd’hui on ne fait plus la distinction entre le plaisir et le bonheur, et c’est ce manque d’étymologie qui amène à des contresens bien plus importants que celui que je viens de citer. Le bonheur est un état permanent. Les plaisirs ou les joies sont des moments passagers, qui peuvent parfois être mauvais pour l’Homme.

Si l’Homme durant tous les âges de ce monde avait pensé que le but de la vie c’est d’être heureux, croyez-vous que nous serions arrivés là où nous en sommes ?

Les premiers hommes ont usé de leur intelligence et de leurs muscles pour vivre de façon meilleure, mais doit-on forcément y voir le bonheur comme but ultime pour ces hommes ?

L’aspiration à une vie meilleure n’est pas due au bonheur, mais tout simplement à la nature même de la vie. La volonté de puissance ou la volonté de vie, voilà ce qui pousse l’Homme à vouloir évoluer dans son être, s’étendre, survivre, et non pas une quête lointaine du bonheur. Les animaux, les plantes, tout ce qui a de la vie, est régi sur ce principe de la volonté de puissance.

Ce principe n’est pas propre à l’Homme.

Croyez vous que les hommes et les femmes illustres et exceptionnels pensaient avant tout à être heureux ? Les personnes de cet ancien monde croyaient à la grandeur, au travail sur soi et à la connaissance de soi. Elles ne croyaient pas à ces choses pour devenir heureuses dans un but ultime, mais pour servir le monde, leur pays, leur famille, ou eux-même de la meilleure des façons.

Ces personnes pensaient avant tout à devenir ce qu’elles sont, et pour devenir ce que l’on est il faut une certaine volonté qui n’émane certainement pas du bonheur.

Mais l’époque dans laquelle nous vivons en est fautive. Nous sommes arrivés à un tel point de développement que l’homme en arrive à avoir des désirs d’enfants pourri gâté. Avoir une vie facile sans encombres, sans difficultés, où il n’y aurait que de la joie et de la bonne humeur.

Tout ceci ne sont que des désirs d’enfants, ou plutôt d’enfants qui ne veulent pas grandir et rester dans l’innocence. Car pardonnez moi mais quel grand but que celui de vivre pour un sentiment ?

D’ailleurs Nietzsche ne disait t-il pas « Si le bonheur était véritablement désirable pour l’être humain, l’idiot représenterait incontestablement le plus beau spécimen de la race. » Je ne peux qu’être en accord avec ce qu’il dit.

Mais ce qui me rend en colère avec cette pensée c’est que l’on arrive à amoindrir son ambition et son envie de faire de grandes choses dans ce monde. On arrive à se dire « qu’après tout en faisant une chose moins ambitieuse, on aura moins de travail à fournir, et qu’après tout on n’a pas besoin de plus pour être heureux ». Une sorte de minimalisme nocif qui ne nous pousserait non seulement à nous satisfaire de ce que l’on a à tout instant, mais aussi de nous satisfaire dans notre médiocrité et nos vices.

L’homme n’est il pas fait pour se parfaire ? Pour tendre vers quelque chose d’extraordinaire et d’inatteignable à ses yeux ?

Ce que je sais c’est que l’Homme occidental d’aujourd’hui n’arrive plus à donner un sens à son existence et que la seule conclusion qu’il ait trouvé dans cette société de consommation où Dieu est absent, c’est de vivre pour son propre bonheur, rien de plus.

En lisant cet article vous pensez certainement que je crois qu’il faut vivre en étant malheureux. Non bien sûr que non, mais ce que je crois c’est que c’est justement en pensant absolument à être heureux qu’on ne l’est pas. On n’est pas heureux quand on a décidé de l’être comme voudrait nous faire croire certains.

Ce que je sais c’est que le bonheur ne s’acquiert pas en le cherchant.

C’est quand on peut rire joyeusement de ses malheurs et de ses échecs qu’un véritable bonheur est possible. Pas un rire gras propre à Rabelais mais plutôt un rire qui prend de la hauteur, car finalement qu’importe d’avoir échoué tant qu’on a essayé, qu’importent nos malheurs quand on sait qu’ils font partie intégrante de la vie et de son apprentissage. À partir de ce postulat on peut dire que pour bien vivre, il faut dire un grand oui à la vie, dans son entièreté et avec force, pas un oui de résignation qui accepte la vie malgré lui.

C’est à cause de la peur du malheur et de l’échec que beaucoup de gens aujourd’hui fuient tout ce qui est difficile, préférant ne rien vivre plutôt que de vivre une vie dans ce qu’elle doit être. C’est-à-dire un long chemin initiatique où l’on ne cesse d’apprendre, dans son lot de malheur comme dans son lot de joie.

Comme je le disais dans mon article précédent sur la critique de la médiocrité, on ne se construit pas dans le néant. Il en va de même pour la vie, de sorte que l’on n’apprend pas seulement lors de moments de joie mais surtout lors de grandes désillusions.

Et c’est là pour moi la grande erreur de nombreux philosophes qui croient profondément que la philosophie a comme but final le bonheur, alors que c’est la vérité qui est le sens de la philosophie.

Or parfois il est possible que la vérité soit douloureuse..

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Un homme de lettre

11 réflexions sur “Le but de la vie c’est d’être heureux ?

  1. histoirescecile13 dit :

    Le but dans la vie c’est d’essayer de réussir ce que l’on entreprend…C’est de veiller aux siens…de leur donner de l’amour…d’être loyal et reconnaissant d’être en vie… La vie n’est pas un long fleuve tranquille…loin de là… C’est dans l’adversité que l’on voit le plus souvent ce dont on serait capable de faire ou pas… Un grave problème dans votre vie peut totalement changer la perception de celle-ci ! Les échecs peuvent vous rendre meilleur et différent en bien ou en mal… Merci pour ce partage…

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  2. Myre dit :

    Le bonheur global, pourtant, est le but ulime de la vie, selon moi. Tu as écrit ton article sous le prisme du bonheur égoïste donc on peut comprendre ta réflexion.
    Les croyants espèrent une vie dans l’au-delà. C’est pour eux le sens ultime de la vie. Le sens ultime pour… atteindre une féliciter et un bonheur permanent.
    Beaucoup se sont battus toute leur vie pour des valeurs comme la liberté par exemple. Mais a quoi sert d’être libre, a quoi sert d’accepter la vie comme tu dis, si ce n’est pas pour être heureux.

    Tu dis également que la terre ne serait pas ce qu’elle est si le bonheur était le but de la vie. Je ne suis encore une fois pas d’accord. Le problème et que le supposé bien pour notre espèce ne l’est pas forcément et ou ne l’est pas pour tout le monde.
    Par exemple tu peux penser que le communisme est une avancée pour l’humanité mais c’est pas le cas de tout le monde et ce n’est pas forcément le cas.
    Tu dis encore que le bonheur peut amener a la paresse. C’est encore un mauvais calcul. Sur le court terme je peux ne pas avoir envie de faire du sport, je peux vouloir me droguer, mais sur le long terme il est préférable d’être sportif et ne pas se droguer afin d’être bien dans sa peau et de ne pas être malheureux. Finalement tout n’est q’un calcul afin de ne pas être malheureux mais être heureux. Je sais pas si tu sais ce que l’utilitarisme mais c’est une de mes philosophie de vie.

    Voilà ce que je dis, outre la volonté de puissance qui est la nature de tout être, la  particularité de l’Homme est peut être celle ci : il a cette capacité de réflexion qui le pousse à souhaiter le bonheur pour lui ou le souhaiter pour son espèce (ou globalement pour les être vivants).

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    • un homme de Lettre dit :

      Je n’ai pas écrit cet article sous le prisme du bonheur égoïste, mais bien sur le fait que se donner comme but le bonheur dans sa vie est nocif pour l’homme. Puis à bien y réfléchir, existe t-il un bonheur non égoïste? Car même quand on veut donner du bonheur aux gens, pour quelles autres raisons le fait-on si ce n’est que de se rendre heureux soi-même ou avoir bonne conscience? Là je peux te renvoyer à Nietzsche quand il fait la critique du ressentiment.

      Ensuite pour ce qui est de la liberté :
      La liberté ne sert pas à être heureux mais tout simplement d’être libre de ce que l’on veut faire, d’exploiter son potentiel au maximum sans aucune barrière, et par dessus tout être maître de soi même. Alors oui la liberté ça rend heureux, mais vouloir la liberté n’a pas pour but d’être heureux, mais d’être libre tout simplement.
      Ensuite quand tu dis que le bien de quelqu’un n’est pas forcément le bien d’un autre, c’est juste le principe même de la nature, tu ne peux pas vivre sans faire de mal à quelque chose, quand tu marches tu tues certainement des fourmis, les plantes parasites veulent vivre mais aux dépens de l’arbre, le lion mange une gazelle pour survivre peux tu lui en vouloir ? Mais si la gazelle s’échappe et que le lion meurt de faim, penses tu du mal de la gazelle ? Finalement la seule façon de faire du mal à personne c’est de ne pas exister. Donc oui le bien de quelqu’un fait le mal d’un autre dans certains cas. Le seul choix que l’on a en tant qu’individus c’est de ne pas faire partie des êtres vivants qui subissent le mal des autres.
      Encore une fois, ce n’est pas le bonheur qui mène à la paresse mais simplement de s’en faire le but de sa vie.

      Pour ce qui est de l’utilitarisme je le connais bien puisque c’est cette vision eudémoniste que je dénonce dans cet article donc le fait que tu ne sois pas d’accord sur nombre de points, est tout à fait logique.
      D’ailleurs Stuart Mill utilitariste dans ses jeunes années en fera la critique plus tard avec la citation connue « il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait ». L’utilitarisme soulève beaucoup de question pour une philosophie de vie, qui pour moi s’éloigne de la nature humaine et la nature de la vie.

      Merci pour votre commentaire, j’aime les débats intéressants comme celui là ! 🙂

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  3. Lutin82 dit :

    Un but dans la vie c’est de procurer du bonheur. La proposition est inversé et notre société hédoniste recherche trop le bonheur pour soi. Nos médias et plitiques font courir la population après des chimères en promettant n’importe quoi, et surtout le droit au bonheur individuel et pour soi. Ils n’ont pas compris que c’est la réalisation des projets, l’abnégation et la générosité de soi qui construit une vie. D’où tant de gens si morose ou perdus, déphasés,…
    Oh! cela sonne éléphant rose ce que je viens d’écrire, mais ce n’est pas le cas. Un peu de bénévolat, le sourire de bon matin,…

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  4. Myre dit :

    Tu as plus de connaissance que moi en philosophie. Je cherche juste à comprendre. Après on est pas obliger d’être d’accord  Je vais donc essayer de clarifier ma position.
    Je ne dis pas qu’on peut pas vivre sans faire de mal (l’affirmer peut tout excuser d’ailleurs).
    Si on exclut le divin, le bien et le mal sont des notions purement humaines. Donc ok pas de mal dans le monde animal, je suis d’accord. Par contre, je pense vraiment que l’homme veut son bien et ou le bien de son espèce (ou d’autres espèce vivantes) et les deux si cela est possible. Si le monde est ce qu’il est c’est qu’on est pas tous d’accord sur ce qui est bien justement. Je peux penser, par exemple, que le mariage pour tous est une avancée pour l’humanité mais tu peux penser le contraire d’où les conflits que l’on peut voir dans le monde. On agit globalement pour le bonheur de soi et des autres mais c’est souvent un mauvais calcul que l’on nous faisons. La paresse comme la gourmandise (et autres) peuvent nous sembler être une bonne chose mais ce ne l’est pas forcément. Voilà c’est ce que je voulais préciser.

    Sur l’utilitarisme je ne vois pas où est le mal. Si je peux eviter de tuer un cochon et le faire souffrir, je le ferais même si ca va m’enlever le peu de plaisir que j’aurais à manger une tranche de jambon.
    Pour le fait aussi que tu dise que la recherche de bonheur est néfaste c’est pareil. Je le redis si la quête de bonheur debouche sur de la paresse c’est que c’est un mauvais calcul. Je pense que le paresseux qui se complaît dans le fait de ne rien faire serait plus heureux si il ferait quelque chose qui lui apporterait bien plus.
    La où le bonheur pose problème est simplement quand une personne ou un groupe de personne va préférer son bonheur au détriment d’autrui ou d’autres groupe. L’utilitarisme permet justement d’éviter ça.
    Bon on se mettra pas forcément d’accord mais je ne vois pas où est le mal dans ma vision des choses. Si tu en vois une, n’hésites pas à m’en faire part.
    Cordialement.

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  5. Marie dit :

    A chacun son bonheur ! Nous n’avons pas tous envie du même bonheur pour être heureux, un rien peut suffire à certain et à d’autres il faut tout ! Heureusement que nous ne sommes pas tous pareil !! Mais il est clair que le malheur ne devrait pas exister et comme j’ai nommé mon blog « …chaque jour la vie « , chaque jour est une autre étape, un nouveau défi… Le fait de me battre pour réussir à remettre les choses dans leur cours normal, me rend heureuse. Toujours penser à positiver, mais je sais que ça c’est pas toujours évident selon nos soucis du moment, mais rien que ça c’est le bonheur primordial ! Le reste n’est que complémentaire… Très bonne journée et merci de me suivre « Un homme de lettre »…

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  6. Libre jugement dit :

    Le but de la vie n’est-il pas que la prolongation de l’espèce …
    Oui, j’sais bien « espèce toi-même » mais encore ?
    Je suis pas contre toutes masturbations intellectuelles ce sont des exercices jubilatoires certes mais: Quid de la poule et de l’oeuf ?

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  7. elisabethmondoloni dit :

     » c est en pensant absolument à être heureux que finalement on ne l est pas »:je pense que c est une phase-clé,car se tendre dans un but précis,fait oublier,selon moi,les modalités d ‘approche de ce but,qui,sont pour moi,là où réside vraiment le bonheur,la cible,ne doit pas faire oublier la flèche,ni surtout,l ‘archer qui tient l’arc.Quant à la notion de bonheur,je suis entièrement d accord avec vous,que ,le but premier et originel de la philosophie,est la recherche de la vérité,ET NON du bonheur.à ne surtout pas confondre.
    c’est souvent quand on cherche pas ,ou plus du tout,que l on trouve;valable pour beaucoup de domaines,mais ,peutêtre aussi,dans la recherche de ce bonheur qui semble perpétuellement se jouer de nous.on ne cherche pas le bonheur, cest lui qui nous capture.
    le choix fondamental,selonmoi,est de se demander: ma vie doit elle se passer à essayer d etre heureux,ou vers d autres buts?
    Passé ce choix,si l on a choisi la seconde option,alors,il se pourrait,que,l on y retrouve,ce fameux bonheur si fuyant…
    Nota bene:il faut absolument faire le distingo entre le plaisir,petit moment personnel,le plus souvent égoïste,et le bonheur,notion idéale et philosophique,et,qui de plus,induit un état durable et permanent.

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